CHAPTER . ONEQuel homme ne serait pas heureux d’apprendre la naissance de son fils ? Qui plus est de son premier fils ? Que tout c’est bien passé, et que femme et enfant se portent à merveille ? Monsieur Lorenzo, grand avocat italien, connu à travers tout le pays, aimait sa famille bien qu’il ne soit pas des plus démonstratif. En ce 15 Mars, alors que la journée se voulait fraîche, il emmena sa femme d'urgence à l'hôpital. Les raisons ? Lors d'une balade en amoureux la future maman avait tout simplement perdue les eaux. L'accouchement n'étant prévu que dans deux mois seulement, ce fut la surprise. Visiblement le bout de chou avait décidé de pointer le bout de son nez plus tôt que prévu. Pas ch*ant le gosse ! Etait-ce un signe ? Peut-être... Cela annonçait sans nul doute son futur caractère bien trempé. Immédiatement, alors que les contractions étaient de plus en plus rapprochées, Andrea, la maman, pestait et maudissait son époux d'avoir eu l'idée de voyager alors qu'elle attendait leur premier bébé. Par chance, le petit prématuré n'eut aucun soucis majeur, placé au plus vite dans une couveuse.
Monsieur Lorenzo s'en voulu terriblement... Il se sentait responsable de tout ça, et ne supportait pas l'éventuelle possibilité que leur fils souffre d'une quelconque manière. C'était lui qui avait poussé sa femme à faire ce petit voyage en amoureux, quittant Rome pour Venise le temps d'un petit week-end. Le week-end de trop sans doute. Quand on lui accorda un droit de visite, il poussa avec précaution la porte de la chambre numéro 524 où sa femme avait été installée quelques heures plus tôt. Elle reposait dans le seul lit de cette grande chambre, et regardait avec tendresse un petit être allongée non loin de son lit, bien au chaud et sous surveillance d'un monitoring. Elle sourit lorsqu'elle aperçu son mari dans l'encadrement de la porte de la chambre ; un sourire magnifique qui toucha son mari. Un sourire qui ne reflétait que du bonheur, loin d’annoncer ce qui suivrait… Il s'avança vers elle, alors qu’elle se déplaçait doucement vers le coin du lit pour lui dégagé une place pour s'asseoir.
« Viens, viens voir notre fils... » Elle souriait heureuse, aux anges sans quitter des yeux leur bébé. Il déposa les fleurs sur la table de chevet ainsi que la peluche, un ourson couleur caramel, puis il s'installa près d'elle et découvrit son enfant, son petit prince…
« Mathys... -Appela doucement l'heureuse maman. -
Je te présente ton papa. »Là, ce fut comme un déclic dans la tête de l’heureux père de famille. Il réalisa d’un seul coup que ce petit être était sa chair et son sang, qu’il faisait désormais concrètement partie de sa vie. Du revers de la main, il caressa la douce joue de sa femme, fier du travail qu'elle avait fourni, fier de leur petite merveille. La famille s’agrandissait, et son cœur aussi, y faisant un peu de place pour ce nouveau petit. Une belle vie, paisible et heureuse, les attendait... Du moins en apparence !
CHAPTER . TWOIl n'y avait pas à dire... Mathys avait eu une enfance heureuse. Fils unique, il avait été chouchouté comme jamais. Passant ses plus jeunes années à Rome, il avait fini par déménager, la petite famille décidant de se rendre en Amérique, Andrea ayant le mal du pays. Oui, oui, il était bien le fils d'un italien et d'une américaine... Un sacré mélange de culture pour le coup. Un tel voyage aurait eu de quoi effrayer plus d'un petit garçon, mais pas Mathys. Au contraire, pour lui ils partaient à l'aventure, et c'était magique. Cependant, ce à quoi il ne s'attendait pas, c'était aux multiples voyages qu'entreprenait son père, entre la capitale italienne et Orlando, ville natale de sa chère et tendre maman. Il le voyait peu, mais chaque instant passé à ses côtés était un vrai bonheur. Il se plaisait là-bas, et se réjouissait de retrouver toute sa famille maternelle, oncles et tantes, cousins et cousines... Il faut dire que du côté de son père, c'était un peu le désert niveau nouvelles générations. Ils étaient tous unis, et il n'avait pas à s'en faire.
“ Papa, tu as laissé son coeur je t'en veux... ”
« Maman ! Stop ! Calme-toi bon sang ! »Le vase contenant de magnifiques fleurs blanches, de belles orchidées pour être exact, qui reposait sur le plan de travail de la petite cuisine vint se briser sur le sol, dans un bruit sourd. Des éclats de verre recouvrirent aussitôt le sol, l'eau se répandit sur le carrelage, manquant de faire tomber Mathys lorsque ce dernier tenta de s'approcher de sa mère, à présent recroquevillée sur elle-même, dans un coin de la cuisine, en larmes. L'adolescent sentait son coeur se serrer dans sa poitrine à la simple vue de ce chagrin. Voilà maintenant 4 ans que son mari, et donc le père de Mathys, était décédé, emporté dans un tragique accident d'avion. 4 longues années, qui n'avaient pourtant pas encore apaisé la douleur de cette veuve. Chaque année, à cette même date, elle sombrait et faisait subir involontairement à son fils ses crises d'hystérie, ses cris, ses larmes... Recevoir un simple bouquet de fleurs l'anéantissait, bien que le geste soit attentionné et partant d'un bon sentiment. Elle ne supportait pas de se retrouver en face de ces maudites compositions florales, en mémoire de son époux. Le grand cabinet d'avocats dont il avait fait partie n'avait toujours pas compris que même bienveillant, ce geste blessait davantage le coeur meurtri de cette pauvre femme et qu'il ne lui était d'aucun soutien, d'aucune aide... 4 ans qu'elle ne parvenait pas à se reconstruire, et qu'elle délaissait comme jamais son fils. Certes, à présent âgé d'un peu plus de 16 ans, Mathys se débrouillait tout seul, parvenant à s'occuper de sa mère en plus de sa propre personne, assumant un rôle qui ne lui revenait pas. La serrant tout contre lui, il tentait de la calmer, tant bien que mal... Il sentait ses larmes salées mouiller son t-shirt, et fermait les yeux pour retenir les siennes.
« Je suis là maman... C'est fini... Chut... » -murmurait-il doucement, tout en déposant quelques baisers sur ses cheveux bruns, cherchant à l'apaiser du mieux qu'il pouvait.
“ Ca s'perd pas un sourire, ça s'oublie seulement,
puis sa revient un jour, avec le temps... ”
L'aventure n'avait plus rien de magique... Mathys maudissait ce job d'avocat, ce cabinet bien trop stupide pour refuser la démission de Mr. Lorenzo afin de s'installer définitivement à Orlando. « Vous êtes notre meilleur élément... Vos compétences nous sont indispensables. » A présent, comment allait-il pouvoir servir et défendre des gens, puisqu'il n'était plus de ce monde ?! Littéralement rongé par la rage, Mathys s'est très vite refermé sur lui-même, s'enfermant dans un bulle qu'il voulait pareille à un bouclier. On lui avait pris son père, ainsi que le sourire de sa mère, il n'avait rien à céder aux autres, à la vie... Cette dernière lui en faisait baver, le laissant témoin impuissant de la chute de mère. Andrea allait de plus en plus mal, sombrant doucement dans une dépression indescriptible, ne parvenant pas à ce relever de ce drame. Elle souffrait, et ne trouvait rien de mieux pour soulager ses maux que de se perdre dans les méandres de l'inconscience, en buvant encore et encore. Boire jusqu'à plus soif, boire pour oublier son malheur, jusqu'à malheureusement en oublier son propre fils. Elle n'était plus capable d'assumer son rôle de mère, et sa soeur, la tante et marraine de Mathys, ne pouvait pas prétendre le contraire, malgré tout l'amour qu'elle pouvait porter à son aînée. Pour le bien de Mathys, elle fut contrainte de demander une mise sous tutelle du jeune homme. Il le fallait ; elle ne pouvait pas fermer les yeux sur le malheur de son filleul. Le tribunal lui accorda alors le droit de faire venir Mathys chez elle. Elle tenta en vain de faire entrer sa soeur dans un centre spécialisé, mais cette dernière, se sentant trahis et pensant avoir tout perdue, refusa catégoriquement que l'on s'occupe ainsi d'elle. Ce fut une période difficile pour Mathys. Il emménageait dans une petite ville non loin d'Orlando, sans pour autant pouvoir rendre visite à sa mère, se sentait plus seul que jamais malgré la présence de sa tante, de son oncle, et de leur petite Lydie. Cependant il lui fallait tourner la page et sourire à son avenir.
CHAPTER . THREEEntrant dans la grande maison, par la porte de derrière donnant sur la cuisine, et ce comme dans un moulin puisqu'il connaissait les lieux comme sa poche et s'y sentait toujours comme chez lui, Mathys abandonna son sac à dos sur la table qui trônait au centre de la pièce. Lydie y était installée, déjeunant tranquillement, et c'est l'air de rien qu'elle appela sa mère, haussant la voix.
« Maman ! Un inconnu vient prendre son petit déjeuner avec nous ce matin ! »La femme passa le seuil de la porte, un peu étonné par l'annonce de sa fille. Dès lors que son regard se posa sur son neveu, un large sourire vint illuminer son visage, aux traits bien fatigués. Aussitôt, elle s'avança vers lui et le prit dans ses bras. Ca faisait un moment qu'ils ne l'avaient pas vu -d'où la réplique de l'adolescente. Mathys avait finit par prendre son envole, s'installant seul dans le centre d'Orlando, pour y terminer ses études et y mener sa propre petite vie.
« Comment vas-tu ? Qu'est-ce que tu racontes de beau ? - le questionna sa tante, toujours très maternelle avec lui.
- Oh bah ça va... La routine tu sais... Enfin le boulot, les cours...
- Ca marche bien ?
- Ca va, je me débrouille. - Il ponctua sa phrase d'un haussement d'épaules, alors qu'il sentait le regard de sa cousine le détailler de la tête aux pieds. Il se tourna vers elle et la fixa, d'un air interrogateur.
- On t'a volé ta guitare en chemin ? -lança la miss, d'un air amusé, soulignant le fait qu'il ne se séparait presque jamais de son petit bijou comme il avait l'habitude de l'appeler, et que le voir sans ce matin était franchement surprenant.
- Oh... Non, je l'ai laissé à l'appart'.» Il esquissa un sourire, puis sa tante lui ordonna de s'asseoir sans discuter, prête à lui préparer un super petit déjeuner. Observant la grande table, et chacune des personnes qui venaient de s'y asseoir, Mathys prenait conscience de cette chance qu'il avait eu dans son malheur... Bien qu'il ne vivait plus sous leur toit, ces personnes demeuraient cette famille aimante qui lui avait sorti la tête de l'eau, l'empêchant de toucher le fond. Il leur en était reconnaissant, et voulait en quelque sorte faire leur fierté tout en les protégeant à son tour, comme ils l'avaient fait avec lui par le passé, quelques années auparavant.
« Je ne reste pas longtemps, on m'attend...
- Il ne faudrait pas faire attendre une jolie blonde, n'est-ce pas ? -Lydie le fixait avec des yeux rieurs.
- Sans commentaire la minimoy'z
- Hey ! Je ne suis plus une...
- Mange avant que ça soit froid... » - Il termina par un large sourire, alors que sa cousine faisait mine d'être vexée -mentant très mal au passage.
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Au final, il a mené à bien ses études, et ça ne lui a pas été d'une grande utilité. Pourquoi ça ? Et bien parce qu'il a fini par décrocher un job dans un station de radio plus ou moins populaire dans la région, faisant son petit bout de chemin vers la renommée...
« ...Pour ma part, je vous retrouve demain, à la même heure ! » Et hop, il releva le regard, et attendit le signe de son collègue, ingénieur du son, qui lui donnait son accord pour qu'il quitte le studio, une fois la musique lancée sur l'antenne de radio. Il venait de terminer son émission, la suivante avait été bouclée en début de matinée, le contenu étant fin près pour le lendemain; et était donc libre de s'en aller. Récupérant ses affaires, il jeta un rapide coup d'oeil à son mobile, consulta ses messages tout en entrant dans le grand ascenseur, tout de même pressé de quitter les lieux bien qu'il appréciait son boulot. En bas du bâtiment l'attendait un de ses amis, au volant de sa voiture de sport. Il venait le récupérer, comme prévu, pour une virée entre mecs. Ils se saluèrent, Mathys s'empressant de monter dans la voiture pour que cette dernière circule, et ainsi débloque la rue.« Pile à l'heure !
- Je t'écoutais, histoire d'être synchro' ! -répliqua son ami.
- Pfff ! N'importe quoi !
- Franchement, elle gère ton émission !
- Merci... Content de voir que mon travail n'est pas inutile et plaît !
- Tu plaisantes ? T'as vu ton audimat ?! D'ailleurs je pense que t'as besoin de vacances... Que penses-tu de Kingston ?
-Comment ça Kingston ? Tu veux dire Kingston en Jamaïque ? » -
Il l'interrogea d'un simple regard, alors que son ami lui adressait un large sourire, qui en disait long. Lui, il avait une idée en tête ! Il lui demanda alors les raisons qui faisaient apparaître un tel sourire sur son visage et ce dernier lui expliqua la situation, et donc le petit plan qu'il avait en tête. Facebook lui avait soumis cette idée... Le projet circulant sur le site lui avait beaucoup plu et il avait donc pensé en profiter avec Mathys. Du moins il espérait que ce dernier serait partant, car il avait sympathisé avec une jolie demoiselle et tenait vraiment à la rencontrer, sur place. Le deal ? Partir ensemble certes, mais amené chacun un ami. Pour Mathys, ça sentait le double rencard bancale et voué à l'échec. Directement il avait pensé à lui, alors que sa nana comptait amené une dénommée Orlan, qui n'avait jamais vu de sa vie.« Alors ? Partant ?
- Et bien... Kingston, nous voilà ! »