Heartquake
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 world on fire • GABI

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Bambou A. Cooper
Bambou A. Cooper



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world on fire • GABI Vide
MessageSujet: world on fire • GABI   world on fire • GABI EmptyMar 15 Juin - 14:30

Baudelaire a écrit:
Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser.
Accoudée à la rambarde de la passerelle, le regard plongé dans le bleu profond de la mer, c’est ce texte qui me vient en tête. J’ai beau avoir étudié les textes de Baudelaire sous tous les angles, il y en a que j’aime passionnément, qui me frappent par leur beauté malgré les mots simples de tous les jours, et puis aussi par leur véracité. Les vingt heures sont dépassés depuis un moment, le soleil couchant a l’air de plonger dans la mer, là-bas, au loin, et, alors que l’odeur d’iode emplit mes narines, je me dis qu’il ne manque rien à la perfection du spectacle. Et c’est à ce moment précis que, aussi soudainement qu’une bulle de savon qui éclate, l’image de Gabi inonde mes pensées. C’est mon premier jour en Jamaïque, et je ne l’ai toujours pas contacté, préférant découvrir un peu la ville par moi-même avant de le trouver. Je suis sûre qu’il sera extrêmement surpris, mais quelque chose me dit qu’il ne sera pas le seul, et au fond, j’appréhende un peu les retrouvailles. Et s’il avait changé ? D’un mouvement de tête, je chasse ces bêtises de ma tête : quelle idée de craindre de le revoir ?! Et même s’il ne me dit rien du tout, même s’il prétend être ici pour des vacances, je m’en fous. Je n’ai aucune idée de ce qu’il est en train de faire à l’instant, encore moins d’où il se trouve, mais dès demain matin, je le retrouve. De toute façon, celui qui nous lie est un lien intemporel, presque éternel. Le temps ne pourra jamais le défaire, et je suis persuadée qu’on aura vite fait de rattraper les deux années qui viennent de passer. Et, une fois que ce sera fait, je ne le laisserai plus jamais seul. Plus jamais. C’est une promesse.

Repenser à tout cela m’arrache une grimace, et c’est presque avec rage que je découpe un morceau de mon sandwich pour le jeter à la mer, à l’adresse des poissons qui passeraient par là. Depuis mon petit déjeuner copieux à l’hôtel, j’ai passé la journée à avaler tout et n’importe quoi, et l’état de mon estomac est aussi... chaotique que celui de ma chambre. J’espère juste qu’il ne va pas me faire un caprice, pas dès le premier jour, et pas dans une ville qui m’est totalement étrangère. L’indigestion peut bien attendre un jour de plus : quand j’aurai retrouvé Gabi, même si je ne connais toujours qu’une personne dans cette ville immense, je me sentirai déjà chez moi – bien plus qu’à Paris, en tout cas. N’est-ce pas étrange comme la présence ou non d’une seule personne peut changer notre perception de toute une ville, d’un pays entier ? Je me demande si Gabi lui aussi s’est senti dépaysé en arrivant ici ? Ou même quand j’ai quitté New York ? Je me demande aussi pourquoi il ne m’a jamais rien dit, en fait. Comment peut-on porter un tel fardeau tout seul ? Certes, ses relations avec ses parents ne sont pas les mêmes que les miennes, mais quand j’essaye de me mettre à sa place... Je ne crois pas que je m’en serais sortie, pas même après des mois et des mois, et rien que cette idée m’inquiète sur l’état de mon meilleur ami. Je pose mon coude sur la rambarde et je mordille mon pouce, essayant de résister à l’envie de l’appeler là, maintenant, sur-le-champ. Bon, bon, bon... Je mords une nouvelle fois dans mon sandwich presque terminé, et je décide d’offrir le reste à la population maritime. Si j’arrive à le découper en dix petits morceaux, mon vœu sera exaucé et Gabriel sera là. Sinon, j’attendrai demain. C’est en m’appliquant méticuleusement que je mets le pain en morceaux, les comptant attentivement, comme si le sort du monde en dépendait. Je jette le neuvième, il ne me reste plus que quelques miettes en main, et je pousse un profond soupir de déception. Tant pis !... J’attends que les restes de ma nourriture aient disparu sous l’eau, puis je me retourne, en espérant cette fois retrouver mon hôtel sans me perdre. Et lorsque je me retrouve nez-à-nez avec Gabriel Carlson, mon cerveau s’arrête, mon cœur cesse de battre, et même le temps arrête son cours. Je ne sais pas pourquoi je suis aussi surprise, après tout, c’est bien pour ça que je suis venue, non ? Il me faut quelques dizaines de secondes pour que mes sens me reviennent, je lâche un « Gabi ! » qui trahit ma surprise, mais aussi ma joie démesurée, et par le plus pur des réflexes, je lui saute au cou. Ce n’est qu’en sentant son odeur si familière que je me rends compte à quel point il m’avait manqué, et je garde le visage enfoui dans son torse un long moment avant d’enfin me détacher de lui. J’attrape tout de même sa main et je la serre affectueusement, comme s’il risquait de disparaître d’un moment à l’autre. « Si j’avais su que mon vœu se réaliserait, j’aurais plutôt demandé Johnny Depp, ou quelque chose du genre. » C’est absolument faux, évidemment, mais je veux éviter que la conversation soit trop sérieuse, et puis, connaissant mon humour complètement pourri, il ne me le reprochera pas.
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Gabriel J. Carlson
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world on fire • GABI Vide
MessageSujet: Re: world on fire • GABI   world on fire • GABI EmptyMar 15 Juin - 16:11

    Cela faisait presqu’un an que j’étais séparé de ma plantureuse fiancée et je ne m’en étais toujours pas remis. C’était la triste vérité, même si j’essayais de le cacher au mieux à mes tout nouveaux amis de Jamaïque. Je me rappelais d’un pote qui m’avait dit que je ne m’en sortais pas si mal. La rupture avait beau avoir été brutale, la compensation était de taille. Mon père me versait un bon pactole tous les mois, sa manière à lui de s’excuser de m’avoir volé ma fiancée et de m’avoir défoncé la tronche quand j’avais tenté de lui mettre mon poing de la justice en pleine poire. Quand on connaissait mon père, on pouvait reconnaître là un vrai geste de tendresse paternelle. Je comptais mes jours de chance. Il était persuadé que ma mauvaise passe allait se terminer d’ici quelques mois tout au plus. Je n’allais quand même pas passer à côté de cette superbe opportunité qui était de travailler auprès de mon père dans son cabinet dans un futur proche. Avec un peu de chance je pourrais peut être récupérer la femme que j’aimais à sa mort. L’idée est juste un peu trop sordide. Je m’étais promis de refuser son argent, mais je ne suis qu’un être faible. Que voulez-vous, on ne se refait pas. Il est quand même plus simple de se morfondre dans son chagrin quand on n’a rien qui vous permet de vous en sortir, comme un boulot ou quelque chose qui nécessite des horaires strictes. Mes journées passaient lentement, d’une longueur comparable à l’agonie de la fourmi qui vient de se faire capturer sous une loupe en plein soleil. Oui, depuis un an je met un point d’honneur à ne trouver des métaphores qu’écœurantes ou glauques quand je me parle à moi-même. Cela ne vous arrive jamais ? A moi tout le temps. Il me suffit d’une musique, d’une scène dans un film et mon cerveau se met en marche. Avant, ces longs monologues étaient des discussions sans fin que j’entretenais avec ma meilleure amie de toujours, Bambou. Un rayon de soleil dans ma nuit, le caramel sur ma glace à la vanille, ma petite fraise tagada. Cela faisait presque deux ans qu’elle était partie étudier la littérature dans la ville de Molière et de Voltaire. C’te bande de salops qui m’avaient volé ma femme, LA femme. Bambou c’est ma famille, ma vie et elle l’a toujours été. Quand elle est partie vivre à Paris, j’ai vraiment cru que je n’arriverais pas à m’en sortir tout seul. Que faire sans nos joutes verbales, nos plaisirs partagés ? Skype avait beau être devenu mon meilleur ami pour m’avoir permis de continuer à discuter avec elle en la voyant, il ne pouvait me transmettre qu’une pâle copie de celle qui faisait partie de moi depuis toujours. Je ne pouvais sentir son odeur, me blottir dans ses bras. A l’époque je venais de me fiancer et je ne pouvais faire mes bagages et partir avec elle. Nina, mon ex-fiancée, tenait absolument à rester sur New York. Si j’avais su que c’était pour se taper mon père, tout aurait été différent. Mais bon, ma machine à remonter le temps n’est toujours pas fonctionnelle, inutile donc de me morfondre sur le passé.

    Deux mois que j’étais ici et elle n’en savait rien, pas plus que toute cette histoire d’ex-fiancée. Dans mes mails, j’évitais au maximum le sujet, me contentant d’un « Nina va bien ». Si seulement elle pouvait pourrir en enfer cette grosse… Je m’écarte du sujet. Pourquoi ne lui avoir rien dit ? Parce que je l’aime. Elle est tout pour moi et je ne voulais pas être celui qui lui briserait son rêve. Depuis petite, elle me bassinait avec Paris. « Il parait que c’est magnifique. Tu sais que c’est là-bas que Baudelaire (…) et Voltaire… » Je l’avais alors coupée sans égard, comme d’habitude. « Ils ont des hots dogs ? » Levant les yeux au ciel, elle avait décidé de me répondre. Preuve nouvelle de sa grande mansuétude à mon égard. « Non, Ils ont des sandwichs » J’avais fais une moue écœurée. « Et tu espères que je vienne te rendre visite ? » Ce jour-là, elle avait gagné notre combat de chatouilles, j’en avais pleuré de rire. J’étais comme ça, je faisais mine de ne pas m’intéresser, de ne pas l’écouter, mais en vérité je buvais ses paroles. Tout lui dire serait revenu à lui dire « Salut ma poule, ça te dit de plier bagage et de revenir à New York ? Oui, je sais que je te demande de faire une croix sur tes rêves, mais bon c’est tellement plus fun de consoler un plouc qui s’est fait avoir sur toute la largeur. En plus, on a des hots dogs. » Je ne pouvais pas parce que je savais qu’elle aurait tout plaqué pour moi, pour son raté de meilleur ami. Non, je préférais l’imaginer heureuse à siroter un café à côté de la tour Effel, s’appliquant à draguer un petit franchouillard. « Rhaaa » Mon mp3 venait de me lâcher en plein milieu d’un morceau des Clash. Ce que je prenais pour un acharnement du destin ne l’était pas, je le compris quelques secondes plus tard en relevant la tête. Ce bon vieux destin avait décider de me sortir de mes pensées pour une bonne raison. Une magnifique jeune femme était perdue dans ses pensées, accoudée à une rambarde. Cette silhouette, je l’aurais reconnue entre toutes. Ce n’était pas la première fois que j’arrêtais une femme dans la rue, pensant que c’était ma Bambou, mais cette fois j’en étais certain. Un coup de vent amena son parfum chatouiller mes narines, nul doute n’était possible. Mon cœur ne savait quel rythme adopter. Tantôt j’avais l’impression qu’il essayait de jouer un petit air de samba, pour la seconde d’après se la jouer slow motion. Je n’entendais que lui, je ne voyais qu’elle. J’étais arrivé à sa hauteur quand elle se tourna vers moi. « Gabi ! » Sa voix, elle m’avait tant manquée. « Bambou, je… » La fin de ma phrase resta au fond de ma gorge. Elle venait de me sauter au cou et je restais sans bouger, comme si j’étais soudainement devenu paraplégique. Il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits, pour l’encadrer de mes bras qui se voulaient aussi tendre que rassurant. La sentir tout contre moi faisais exploser des étincelles dans mon esprit. Quelle idée j’avais eu de mettre de côté mon égoïsme. Je la voulais pour moi, je voulais jouer au gros bébé pleurnichard, je voulais me laisser aller dans ses bras. Je fut tenté de la retenir quand elle décida de s’écarter de moi, mais je ne le fit pas, serrant doucement la main qu’elle m’avait offerte. L’émotion me transperçait de toute part, mais cette fois encore je la gérerais comme nous l’avions toujours fait, avec de l’humour. « Si j’avais su que mon vœu se réaliserait, j’aurais plutôt demandé Johnny Depp, ou quelque chose du genre. » Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres. « Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, mais bon je t’ai évité une faute de goût notoire. Je suis quand même bien plus sexy que Johnny Depp. Que puis-je dire ? Je ne m’attendais pas à tomber sur une aussi belle plante » J’avais appuyé sur le mot plante, référence à son prénom. Comment avait-elle pu vivre sans mes railleries constantes, vraiment quelle hérésie.
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Bambou A. Cooper
Bambou A. Cooper



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world on fire • GABI Vide
MessageSujet: Re: world on fire • GABI   world on fire • GABI EmptyMar 15 Juin - 19:24

Ses bras se serrent autour de moi, et un sentiment de bien-être d’une puissante phénoménale m’envahit toute entière, jusqu’au fin fond de mon âme. Ici, en Jamaïque, ou n’importe ou ailleurs dans le monde, j’étais en sécurité entre ces bras, contre ce corps dont j’avais du mal à me défaire. Comment avais-je fait pour m’en passer pendant tout ce temps ? Deux ans, c’était vingt-quatre mois. Cent et quatre semaines. Un nombre incalculable de jours et d’heures, et si j’avais fini par apprendre à vivre avec, l’absence de Gabriel avait été très douloureuse, au départ, et même la nourriture n’arrivait pas à me consoler – ce qui n’était pas peu dire, surtout en sachant à quel point je suis gourmande. Chez chaque personne que j’ai rencontrée, homme ou femme, j’ai cherché un peu de Gabi. J’ai retrouvé ses blagues chez l’un, sa musique chez l’autre... Mais tôt ou tard, je finissais par voir qu’aucune de ces personnes n’était Gabriel. Aucun d’eux ne plaisantait incessamment sur mon prénom, aucun d’eux ne comprenait mes références aux vieux films, et aucun d’eux n’était mon complice. Je n’ai jamais eu de quoi me plaindre, je le reconnais. Ma vie, c’est le petit village suisse parfait dans la boule de verre, calme, beau, avec les cheminées fumantes et l’épaisse couverture de neige. C’est paisible, et je suis sûre que ça fait des envieux. Mais avec Gabi dedans, c’est autre chose. C’est un ensemble de tourbillons de flocons et de paillettes, des batailles de boules de neige, des bonshommes, des anges, et une parfaite musique de fond pour sublimer le tout. Gabi est l’enfant qui secoue la boule pour provoquer toutes ces choses, qui s’émerveille devant le spectacle qui s’offre à lui, et qui ne se rend pas compte qu’il est à l’origine de toutes ces merveilles. Le village suisse est bien gentil, mais quand on la retire à l’enfant pour la poser au sommet de l’étagère, il est condamné à un hiver éternel. Je n’en veux plus, moi, de la neige. Je veux les couleurs du printemps qui se reflètent sur mes paillettes, je veux l’odeur du gazon fraîchement tendu, je veux les plantes qui reviennent à la vie, le pollen partout dans l’air, les étoiles filantes... Je veux qu’on donne ma boule de verre à Gabi, et je veux qu’on le laisse la secouer aussi fort qu’il le souhaite. Tant pis si elle tombe, et tant pis si elle se casse.

« Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, mais bon je t’ai évité une faute de goût notoire. Je suis quand même bien plus sexy que Johnny Depp. » Je lâche un petit rire, renchérissant sur ce qu’il vient de dire d’un hochement de tête à moitié ironique. Honnêtement, il a raison, il est beau. Il est encore plus divin que sur toutes les photos que j’ai, et même le plus mémorable de mes souvenirs ne lui fait pas justice. Et je ne parle même pas d’une harmonie des traits ; Gabi dégage quelque chose d’inexplicable, de magnétique. Quelque chose d’atrocement doux et d’incroyablement puissant à la fois. Il est un paradoxe à part entière. « Je ne m’attendais pas à tomber sur une aussi belle plante. » Insulte sympathique et même affectueux dissimulée derrière un joli compliment. Incapable de me retenir, je souris en levant les yeux au ciel. « Je suis une plante rare, la seule de mon espèce. Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as ! » Je lui souris, il me sourit, et l’espace d’un instant, tout me semble absolument parfait. La douceur lumineuse du soleil couchant donne un éclat particulier à son regard, et je suis certaine de voir l’arc-en-ciel dans ses yeux. Toutes les couleurs du spectre y sont, et c’est une drôle d’impression, parce qu’autant j’ai l’impression qu’il n’y a qu’à tendre la main pour le toucher, autant il me semble loin, inaccessible, hors de portée. Comme un véritable arc-en-ciel, en somme. C’est avec un pincement au cœur que j’en arrive à la réalisation : ce sont les gouttelettes de pluie qui décomposent la lumière, et même elles sont visibles dans ses globes électrisants. Son regard a beau déborder d’une tendresse presque fleurissante, je le vois, moi, qu’il y a autre chose. Je vois les mauvaises plantes sauvages qui essaient d’envahir son jardin parfait, et ça me donne envie de littéralement trouver des ciseaux de jardinage et toutes les couper à la racine, une à une, jusqu’à ce qu’il ne reste que le bon. Retrouvant mon sérieux quelques instants, je me pince les lèvres et me glisse à nouveau entre ses bras. Je passe les miens autour de son cou et je le serre fort, et tant pis si je l’étouffe un peu parce que je veux qu’il sache que je suis là, je mets toute la force de mes sentiments dans mon étreinte et je veux que cette force, il la sente même si je n’en parle pas textuellement. Je desserre un peu la pression, mais cette fois, je reste blottie contre lui. Je n’ai pas envie de le lâcher, pas encore. « Tu m’as manqué, Gabi, tu sais ? Tu m’as manqué tous les jours. » Et je suis heureuse de te retrouver, et je n’ai plus jamais envie de vivre sans toi, et en fait, je ne compte pas le faire. Tout ça, je ne le dis pas, parce que je sais que Gabi en est déjà conscient. Il a toujours été capable de lire en moi comme dans un livre ouvert, il sait deviner mes pensées sans même que je les formule, et toutes les choses que je ne lui dis pas, je suis certaine qu’il les connait aussi. En me détachant de lui cette fois, je me sens plus... légère, et ça s’entend à ma voix. Mon ton enjoué est d'ailleurs en contradiction avec mon expression faussement fâchée, et je croise les bras sur ma poitrine avant de prendre la parole : « T’offrir des vacances de rêve sans même m’inviter ? Tu as violé une bonne quinzaine des lois non-écrites de l’amitié, et tu vas avoir du mal à te racheter ! »
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Gabriel J. Carlson
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MessageSujet: Re: world on fire • GABI   world on fire • GABI EmptyMar 22 Juin - 10:07

    « Je suis une plante rare, la seule de mon espèce. Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as ! » Depuis notre rencontre, pas un seul jour ne s’était passé sans que je remercie le ciel pour m’avoir donné une voisine aussi merveilleuse. J’aurais pu tomber sur un gros naze qui aurait pensé que Emir Kusturica était une marque de chewing gum. Il m’aurait martyrisé chaque jour et je serais devenu obèse, me réfugiant dans la nourriture pour échapper à ce destin si cruel. Jamais je n’aurais pu espérer tomber sur quelqu’un d’aussi merveilleux qu’elle. Bambou, c’est une explosion de contradiction. Un bouillon de vie saupoudré d’un brin de malice. Il n’en existe pas deux sur Terre comme elle et je serais le premier à féliciter celui qui s’en rendra compte. Nombreux ont été ses coups de cœur, mais aucun ne lui arrivait à la cheville, aucun. Nous avons beau être en symbiose, je me suis souvent dit que je ne la méritais pas, surtout ces derniers mois. Le moment où elle me demanderais ce que je pouvais bien foutre en Jamaïque n’allait pas tarder et j’avais peur de sa réaction. Pas de sa colère, mais de sa déception. J’écartais cette idée de mon esprit, pour le moment seuls nos regards plongés l’un dans l’autre comptaient. J’aimais me perdre dans son regard, dans cet océan d’émotions diverses. Bambou m’avait toujours fait comprendre ce qu’elle ressentait en un regard, souvent accompagné de son sourire si délicieux. Etait-ce les deux ans passés loin l’un de l’autre ? Ce regard auparavant si vivant m’apparaissait flou, je n’arrivais pas à lire en elle comme à mon habitude. Oui, je voyais sa joie de me revoir, mais il y avait autre chose. Un brin de tristesse ou de colère. J’avais cette impression étrange, comme si ce moment était le dernier instant de réelle tendresse que nous allions partager avant un moment. Soudain, je compris clairement ce qui m’avait échappé. Aussitôt, mes yeux se baissèrent à la recherche du sol, de quelque chose à quoi m’accrocher. Comment… Comment… Je fus une nouvelle fois arraché de mes pensées par ses bras m’entourant, m’étouffant presque. C’était comme si elle s’accrochait aussi à moi. Je refusais de penser, de confirmer ce que je venais de comprendre. Le temps des paroles et explications viendrait plus tard, pour le moment c’était à nos corps de parler. Je respirais à grande bouffée son parfum, osant à peine expirer de peur de perdre son essence. Mes mains se baladaient dans son dos, essayant de la serrer de la manière la plus forte et tendre possible. J’ai cette envie de la garder collée contre moi toute la vie. J’ai l’impression d’être un gosse de cinq ans que l’on a abandonné et à qui on redonne sa maman. Elle est ce qui me maintient en vie, ce qui m’est le plus précieux. Je la sens desserrer son étreinte et j’ai envie de pleurer, comme un gros bébé. J’ai envie de lui hurler de ne pas me laisser. Comme d’habitude, elle lit dans mes pensées. Cette fois, elle reste blottie contre moi. Je retiens mes larmes et je garde mes bras autour de sa taille. « Tu m’as manqué, Gabi, tu sais ? Tu m’as manqué tous les jours. » Je le savais, mais l’entendre me faisait le plus grand bien. Une personne normale aurait répondu ce qu’elle avait sur le cœur, mais pas moi. « Je t’avais dis que tu n’arriverais pas à vivre sans moi. Ces français n’ont aucun sens de l’humour, c’est bien connu. » Je lui souris, comme le beau crétin que je suis. Elle le sait que je l’aime, qu’elle a emmené une partie de moi en France et que ce vide ne pouvait être comblé par quelqu’un d’autre qu’elle. Quel besoin de le dire, quand elle peut le lire dans mon regard. C’est avec un pincement au cœur que je la laisse s’écarter de moi. Le temps des explications est venu, bien trop vite.

    « T’offrir des vacances de rêve sans même m’inviter ? Tu as violé une bonne quinzaine des lois non-écrites de l’amitié, et tu vas avoir du mal à te racheter ! » Son air faussement boudeur, sa question innocente, si je ne l’avais aussi bien connu je serais tombé dans le panneau. J’aurais sauté sur cette occasion qu’elle m’offrait de me débiner une nouvelle fois. Faire passer cela pour des vacances, un trait de géni quand on ne connait pas Bambou. Quand elle m’avait su en Jamaïque, elle n’avait pas du s’arrêter là. Les mystères, ce n’était pas son truc. Dans une autre vie, elle avait du être un espèce de mixe entre Arsène Lupin, Mata Hari et Sherlock Holmes. A la minute où elle avait appris mon départ, elle avait du téléphoner à tous nos amis communs. Ceux à qui j’avais fait jurer de garder le secret. Facile à partir du moment où l’on n’a pas Bambou au bout du fil qui pose des centaines de questions, de plus en plus menaçantes. Je me rappelle l’avoir vu faire pleurer une grosse brute lorsque nous avions cinq ans pour récupérer mon repas du midi. La torture psychologique était un talent naturel chez-elle, talent qui me plaisait quand il n’était pas question de découvrir le désastre qu’était devenue ma vie. Moi qui avait tout fait pour la protéger, pour qu’elle profite à fond de son rêve. La voir en face de moi faisait gonfler mon égoïsme. Je voulais l’avoir pour moi seul, elle ne serait pas la première à apprendre ce qui provoquait ma dépression depuis des mois, mais elle serait la seule à véritablement la comprendre. Je me rapprochais d’elle et prenais sa main, décroisant par la même occasion ses bras. Mon regard se fit vague, comme à chaque fois que j’essayais de reparler de Nina, de ce qu’elle m’avait fait. « Des vacances de rêve, hein ? Mes vacances sont toujours pourries quand tu n’es pas là pour m’emmener voir des expos inutiles et me faire m’empiffrer dans les pires restos. » Je marque une pause, le maigre sourire que j’avais préservé s’efface. « Je te connais Bounty, si tu es là ce n’est pas par hasard. C’est Mike qui a craché le morceau, non ? J’ai toujours dit qu’il ne tiendrait pas la route comme terroriste, il craque trop facilement sous la torture. » C’était une vaine tentative d’humour, mais c’était déjà ça. Je l'avais même appelée par ce vieux surnom qui n'appartenait qu'à nous. A quoi cela servirait-il de repousser l’échéance à part à m’enfoncer un peu plus ? A rien.
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